Vie de Société Pakistanaise

Éducation

Alphabétisation de la population de plus de quinze ans (ISU).

En 2017, le taux d’alphabétisation est de 58,9 %, contre 44 % en 1998 et 26,2 % en 1981. Il s’étend de 73 % pour les 10 à 14 ans, contre moins de 25 % pour les plus âgés, et de 68 % pour les hommes contre 49 % pour les femmes. En 2009, environ 80 % des enfants ont accès à l’enseignement primaire mais seulement 44 % atteignent le niveau secondaire. Environ 4,7 % des élèves entrent dans l’enseignement supérieur en 2009, contre moins de 3 % en 2004.

En 2021, le Pakistan occupait le 161e rang sur 191 pays pour ce qui est de l’indice de développement humain établi par le Programme des Nations unies pour le développement. Ses indicateurs de développement sont parmi les plus bas de l’Asie du Sud et ses objectifs de développement national sont menacés. Environ 61 % des Pakistanais ont moins de vingt-quatre ans. Sans une éducation publique de qualité pour soutenir cette explosion démographique, les jeunes sont exposés au chômage et à la pauvreté.

Le système éducatif a beaucoup souffert dans le Nord-Ouest du pays de l’occupation talibane dans certaines zones. De nombreuses écoles ont été dynamitées, notamment dans les régions tribales et dans le district de Swat depuis 2007. Malgré la reprise de ces régions par l’armée à partir de 2009, le processus de reconstruction est très lent. Le budget consacré à l’éducation est souvent critiqué comme étant trop modeste, les principales dépenses étant tournées vers l’armée.

Place des femmes

Femmes attendant de voter à Rawalpindi, lors des élections législatives de 2013.

En raison de l’omniprésence d’une discrimination fondée sur le sexe, les femmes et les filles ont un accès difficile aux services de base et ne peuvent participer pleinement à la vie en société. Selon la Commission des droits de l’homme du Pakistan (HRCP), en 2007 on a recensé 636 femmes mortes d’un crime d’honneur et 675 pour les neuf premiers mois de 2011. Les domestiques sont souvent l’objet de violences physique et sexuelle de la part de leurs employeurs mais n’ont à leur disposition que peu de recours légaux contre leurs employeurs en raison d’une législation inadéquate.

Les femmes pakistanaises obtiennent l’éligibilité et le droit de vote en 1947 sous la Pakistan Ordinance et exercent concrètement ce droit lors des premières élections en 1970. On remarque toutefois que le taux de participation des femmes aux élections est plus faible que celui des hommes. Sous le régime de Muhammad Zia-ul-Haq, les conditions et les droits des femmes se dégradent très nettement. Les ordonnances Hudood en 1979 rendent difficiles les poursuites pour viol et introduisent la lapidation pour adultère, même si cette peine n’est jamais appliquée. La loi de protection des femmes de 2006 revient cependant sur plusieurs de ces dispositions : le viol peut être prouvé par tout moyen, les mariages forcés sont interdits et la lapidation est remplacée par une peine de prison de cinq ans maximum. En mai 2018, est adoptée une loi sur les personnes transgenres, marquant une évolution importante dans les droits et la protection de ces personnes.

Culture

Fashion Week au Pakistan.

La région actuelle du Pakistan a fait partie de différents peuples et empires (Aryens, Perses, Ghaznavides, Seldjouks, Arabes, Rajputs, Moghols, etc.). Toutes ces influences culturelles ont laissé de nombreuses traces. Le site de Mohenjo-daro est un site important de la civilisation de la vallée de l’Indus, les restes d’une des plus grandes cités de l’âge du bronze, parmi les premières de la civilisation. Le Pakistan a un passé et une histoire culturelle très liés à l’Inde actuelle. Que ce soit la musique, le cinéma, la gastronomie, la littérature, les deux pays sont les héritiers de la même histoire commune.

Mohamed Iqbal, issu d’une famille hindoue convertie à l’islam depuis quelques siècles, poète, est le père spirituel du pays. Le grand représentant de la musique soufie pakistanaise est Nusrat Fateh Ali Khan, qui a fait connaître l’art du qawwalî dans le monde entier. Le pays étant très empreint d’islam soufi, le culte des saints (pirs) y est très répandu, cela malgré un retour de l’islam conservateur. Les pèlerinages de l’Urs sont des moments de grande dévotion mais également l’occasion de fêtes populaires, au cours desquelles il y a des concerts de musique mystique.

Le Pakistan a également un riche patrimoine architectural hérité de l’Empire moghol. Parmi les plus impressionnants, il y a la mosquée Royale, qui fut longtemps la deuxième mosquée la plus grande au monde, en brique rouge et marbre blanc avec des mosaïques incrustées, et sans doute une des plus belles mosquées au monde. Il y a également les fameux jardins de Shalimar datant de l’époque moghole, lorsque Lahore était la ville impériale. La ville de Lahore reste toujours la capitale culturelle du pays. Dans la mosquée de Wazir-Khan à Lahore, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture passe, comme ailleurs, par les versets du Coran. L’industrie du cinéma y est développée, malgré un certain déclin ces dernières années dû à la concurrence du cinéma indien. Le théâtre connaît également un grand essor avec des auteurs contemporains comme Shamshir Haider.

Religions

Islam

La mosquée Royale de Lahore.

L’islam sunnite est la religion majoritaire du Pakistan, avec 75 % de la population tandis que 20 % des Pakistanais sont musulmans chiites. Bien que très mélangés aux sunnites, les chiites sont nombreux à Kurram, Sargodha et surtout dans le centre du Sind. Entre 1990 et 2007, les tensions entre les deux communautés ont provoqué la mort d’environ quatre mille personnes. Des conflits ont également lieu entre les branches sunnites deobandi et barelvi.

L’islam a un rôle proprement essentiel au Pakistan, le pays ayant été créé pour les musulmans du sous-continent indien. Bien que religion d’État depuis l’Objectives Resolution de 1949, le régime juridique est longtemps resté modérément religieux. Toutefois, le pays connait un tournant dans les années 1980 quand Muhammad Zia-ul-Haq lance une politique d’islamisation brutale. Il introduit notamment les ordonnances Hudood concernant les mœurs et la loi sur le blasphème qui prévoit notamment la peine de mort pour les personnes qui auraient dénigré Mahomet. En 2006, la loi de protection des femmes revient toutefois sur une partie de cette politique.

Hindouisme

Pèlerinage au temple hindou Hinglaj Mata en 2017.

La population hindoue compose 1,2 à 2 % de la population selon les sources, et vivent principalement dans les régions rurales du Sind, surtout dans les districts de Tharparkar et Umerkot où ils sont quasiment majoritaires.

La partition des Indes en 1947 a provoqué des massacres des minorités religieuses dont l’hindouisme côté pakistanais, les victimes ayant enduré des campagnes d’extermination physique et culturelle. Plusieurs millions d’hindous ont été forcés à quitter le pays et sont devenus réfugiés. Les hindous sont toujours victimes de nombreuses violences au Pakistan. Selon l’agence Fides (organe d’information du Vatican), chaque année, trois cents femmes hindoues sont converties et mariées de force à des musulmans.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), en moyenne 20 filles hindoues sont enlevées chaque mois au Pakistan, converties de force à l’islam, puis mariées à leur ravisseurs.

Christianisme

La cathédrale Saint-Patrick, à Karachi.

Près de trois millions de chrétiens vivent au Pakistan et constituent généralement la deuxième minorité, à un niveau comparable avec les hindous. Ils sont approximativement pour moitié catholiques et moitié protestants.

Une partie des pakistanais chrétiens ont été convertis par des missionnaires étrangers, surtout Britanniques, entre 1757 et 1947.

La situation des chrétiens au Pakistan est de nos jours difficile. Souvent mal acceptés par la population musulmane les chrétiens pakistanais sont considérés comme des citoyens de seconde classe. Ils sont victimes de discrimination dans tous les aspects de la vie et sont condamnés le plus souvent à la pauvreté et aux métiers les plus ingrats. Ils ont très difficilement accès aux hauts postes exécutifs, administratifs et politiques.

Exclus par la majorité, ils vivent pour la plupart dans des bidonvilles sans accès à l’eau courante ni à l’électricité. De nombreux attentats les visent. La communauté chrétienne, notamment les femmes, est victime de conversions forcées.

En moyenne, chaque année plus d’un millier de jeunes filles mineures appartenant aux communautés minoritaires chrétienne, mais aussi hindoue et sikhe, sont kidnappées, converties de force à l’islam et mariés de force à des musulmans pakistanais .

Selon Vatican News et le World Watch List, la crise du COVID-19 a entraîné une plus grande discrimination à l’encontre des chrétiens, l’aide n’étant fournie aux chrétiens que s’ils se convertissaient à l’islam.

La chrétienne Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 avant d’être acquittée en 2018, attire l’attention sur le sort des chrétiens, en plus de provoquer une polémique sur la loi de 1986.

Autres religions

On trouve quelques autres religions très minoritaires au Pakistan. Le pays compterait quelque 50 000 sikhs alors que le berceau de leur religion se situe dans le Pendjab avec des sites sacrés comme Nankana Sahib, ville de naissance de son fondateur Guru Nanak. On trouve aussi entre 2 000 et 10 000 zoroastriens qui vivent essentiellement dans la ville de Karachi. Avec un patrimoine historique notable, le bouddhisme compterait aussi jusqu’à 16 000 adeptes qui vivent surtout dans le Cholistan, l’extrême nord-est du Pendjab, au Gilgit-Baltistan et dans le nord-est du Khyber Pakhtunkhwa. Il y a aussi des animistes (les Kalashs de l’Hindou Kouch) entre 4 100 et 5 000 en 2010.

Bien que se réclamant de l’islam, les ahmadis sont considérés comme n’étant pas musulmans depuis un amendement constitutionnel de 1974 et sont la cible de nombreuses persécutions. La communauté ahmadie déclare compter deux millions de personnes mais seulement 160 000 personnes selon un recensement qui exige que les ahmadis soient nient leur foi, soit se déclarent comme non-musulmans. Le Pakistan compte aussi une communauté très réduite de Baha’is estimée autour de 30 000 personnes (en se basant sur les déclarations volontaires lors des élections).

Sport

Match de cricket entre le Pakistan et l’Australie.

Les sports les plus populaires du Pakistan sont le cricket et le hockey sur gazon dans lesquels le Pakistan a remporté plusieurs titres majeurs. En plus de ces deux sports, le kabaddi et la lutte libre sont également très réputés. Le football (soccer) est en voie de développement. Depuis l’arrivée des différentes crises au pays durant le début des années 2000, l’affluence du sport a baissé, tant sur le plan sportif qu’économique.

Tel le football dans les rues brésiliennes, le cricket occupe toutes celles du Pakistan. C’est le sport le plus apprécié du pays, les fans en sont nombreux. L’équipe de cricket du Pakistan a notamment gagné la Coupe du monde 1992 et a été finaliste en 1999. Elle a encore été finaliste du ICC World Twenty20 en 2007 puis vainqueur en 2009 et demi-finaliste en 2010 et en 2011 et enfin gagné la Coupe d’Asie en 2012.

Bien que le hockey soit le sport national du Pakistan et le cricket de loin le sport le plus populaire, le squash est le sport dans lequel le Pakistan a obtenu le plus de succès. Le Pakistan a dominé le squash comme aucun autre pays au monde durant près de cinq décennies. Il a atteint son apogée dans les années 1980 et 1990 sous les règnes de Jahangir Khan et Jansher Khan. Entre 1950 et 1997, le Pakistan a accumulé plus de trente titres du British Open et quatorze titres de champion du monde.